Cinquième fortune du monde, ce prince favorable à l’émancipation des femmes saoudiennes s’emploie à améliorer les relations entre son pays et l’Occident.
Walid le réformiste
Le prince Al-Walid est riche, affreusement riche ; c’est aussi un homme pressé, extrêmement pressé. Ses journées commencent à 11 heures du matin et s’achèvent à l’aube. Chaque année, à bord de son Boeing 747, son Airbus A340 et son Boeing 767, il effectue une dizaine de révolutions complètes autour de la Terre. Sans cesse, il enroule autour de ses doigts un chapelet musulman, et quand il pose une question, la réponse doit fuser, sinon il s’impatiente. Le prince n’est pas un rentier du pétrole, mais un homme d’affaires. Son groupe a investi dans une pléiade de grandes compagnies, banques et multinationales. Sa fortune (la cinquième du monde) est estimée à 23,7 milliards de dollars.
Sa mère est la fille de Riad El-Solh , le premier ministre libanais assassiné en 1949.Son grand père n'est autre que le Roi Ibn Saoud, fondateur de l’Arabie saoudite. Comme celui-ci a eu 20 épouses et 45 fils, l’arbre généalogique est un peu embrouillé, mais parmi les 4 000 princes qui peuvent prétendre au titre d’altesse, Al-Walid se distingue. Une telle puissance financière lui vaut d’être entouré d’attentions. De la reine d’Angleterre à Jacques Chirac, plus de 120 monarques, présidents et chefs de gouvernement lui ont rendu visite au cours des dix dernières années.
Pour le trouver à Riyad, rien de plus simple. Sa tour, en forme de sifflet, domine la capitale. Trois-cent-quatre mètres de haut, l’orgueil de ce petit homme. Là se trouvent les bureaux de sa société, Kingdom Holdings, fondée il y a vingt-cinq ans avec (selon lui) un cadeau paternel de 15 000 dollars. « Pour moi, le secret, c’est de savoir acheter au bon moment et au bon prix », explique-t-il. L’un de ses meilleurs coups : les 600 millions de dollars investis dans Citicorp quand la banque battait de l’aile, en 1991 – il aurait multiplié sa mise par 18.
Outre ses participations dans la distribution, les technologies ou les loisirs, le financier est très actif dans l’hôtellerie (183 hôtels de par le monde) et l’immobilier. A la sortie de Riyad, il possède 2 240 hectares de terres (plutôt de dunes), dont la valeur monte en flèche. Lors de ses visites régulières à Paris, le prince descend à l’hôtel George V où une cinquantaine de chambres l’accueillent, lui et sa suite. Un buffet reste dressé dans les salons jusqu’à l’aube, car son altesse a des horaires inhabituels : déjeuner à 20 heures, et dîner entre 5 heures et 6 heures du matin. Pour quatre jours, service de sécurité compris, la note s’élève à 450 000 euros. Tout le personnel, du directeur au portier, est aux petits soins avec ce client d’exception. A qui le palace appartient.
Le prince habite un palais de 317 pièces, abominablement décoré, possède 250 voitures (il les achète toujours par paires, une pour lui, une autre pour ses gardes du corps), se fait actuellement construire un yacht de 171 mètres, mais consacre chaque année 100 millions d’euros au mécénat et à des ½uvres caritatives. Chaque matin, devant son palais de Riyad, se forme une queue de 500 solliciteurs ; car il y a aussi des pauvres, contrairement à ce que l’on pourrait penser, en Arabie saoudite, et un bon musulman se doit de faire l’aumône, comme de jeûner. Mais sur d’autres points, cet ascète féru de tennis est furieusement moderniste (il tiendrait cet anticonformisme de son père, surnommé le Prince rouge, à qui ses idées novatrices valurent une fatwa).
Ainsi, dans les bureaux de sa société, les femmes sont habillées à l’européenne et ignorent le foulard. Le prince estime que les contraintes qui pèsent sur les Saoudiennes n’ont rien à voir avec la religion et se montre favorable à leur émancipation, dans les limites de la tradition islamique – il insiste sur ce point. En offrant aux femmes des postes importants, son altesse fait figure d’avant-gardiste dans une société farouchement conservatrice, et jouer le rôle d’empêcheur de tourner en rond ne semble pas lui déplaire.
Tous les vendredis, son altesse se rend à la mosquée, située à cinq minutes de son palais, dont il a financé la construction sur ses propres deniers. La famille royale saoudienne est considérée comme la gardienne de l’islam par un milliard trois cents millions de croyants et cela représente une lourde responsabilité. Le prince est d’autant plus conscient de la nécessité d’améliorer les relations entre son pays et l’Occident depuis les attentats du 11 septembre 2001. En homme de communication, il en profite pour diffuser un message : « Nous qui représentons le vrai islam, l’islam modéré, nous devons nous faire entendre d’une voix plus forte » , martèle-t-il avec une énergie sèche. Le milliardaire possédait jusqu’à présent six chaînes de télévision ; il va en créer une septième, religieuse et modérée, pour prêcher la bonne parole.
Eric de Saint Angel
Walid le réformiste
Le prince Al-Walid est riche, affreusement riche ; c’est aussi un homme pressé, extrêmement pressé. Ses journées commencent à 11 heures du matin et s’achèvent à l’aube. Chaque année, à bord de son Boeing 747, son Airbus A340 et son Boeing 767, il effectue une dizaine de révolutions complètes autour de la Terre. Sans cesse, il enroule autour de ses doigts un chapelet musulman, et quand il pose une question, la réponse doit fuser, sinon il s’impatiente. Le prince n’est pas un rentier du pétrole, mais un homme d’affaires. Son groupe a investi dans une pléiade de grandes compagnies, banques et multinationales. Sa fortune (la cinquième du monde) est estimée à 23,7 milliards de dollars.
Sa mère est la fille de Riad El-Solh , le premier ministre libanais assassiné en 1949.Son grand père n'est autre que le Roi Ibn Saoud, fondateur de l’Arabie saoudite. Comme celui-ci a eu 20 épouses et 45 fils, l’arbre généalogique est un peu embrouillé, mais parmi les 4 000 princes qui peuvent prétendre au titre d’altesse, Al-Walid se distingue. Une telle puissance financière lui vaut d’être entouré d’attentions. De la reine d’Angleterre à Jacques Chirac, plus de 120 monarques, présidents et chefs de gouvernement lui ont rendu visite au cours des dix dernières années.
Pour le trouver à Riyad, rien de plus simple. Sa tour, en forme de sifflet, domine la capitale. Trois-cent-quatre mètres de haut, l’orgueil de ce petit homme. Là se trouvent les bureaux de sa société, Kingdom Holdings, fondée il y a vingt-cinq ans avec (selon lui) un cadeau paternel de 15 000 dollars. « Pour moi, le secret, c’est de savoir acheter au bon moment et au bon prix », explique-t-il. L’un de ses meilleurs coups : les 600 millions de dollars investis dans Citicorp quand la banque battait de l’aile, en 1991 – il aurait multiplié sa mise par 18.
Outre ses participations dans la distribution, les technologies ou les loisirs, le financier est très actif dans l’hôtellerie (183 hôtels de par le monde) et l’immobilier. A la sortie de Riyad, il possède 2 240 hectares de terres (plutôt de dunes), dont la valeur monte en flèche. Lors de ses visites régulières à Paris, le prince descend à l’hôtel George V où une cinquantaine de chambres l’accueillent, lui et sa suite. Un buffet reste dressé dans les salons jusqu’à l’aube, car son altesse a des horaires inhabituels : déjeuner à 20 heures, et dîner entre 5 heures et 6 heures du matin. Pour quatre jours, service de sécurité compris, la note s’élève à 450 000 euros. Tout le personnel, du directeur au portier, est aux petits soins avec ce client d’exception. A qui le palace appartient.
Le prince habite un palais de 317 pièces, abominablement décoré, possède 250 voitures (il les achète toujours par paires, une pour lui, une autre pour ses gardes du corps), se fait actuellement construire un yacht de 171 mètres, mais consacre chaque année 100 millions d’euros au mécénat et à des ½uvres caritatives. Chaque matin, devant son palais de Riyad, se forme une queue de 500 solliciteurs ; car il y a aussi des pauvres, contrairement à ce que l’on pourrait penser, en Arabie saoudite, et un bon musulman se doit de faire l’aumône, comme de jeûner. Mais sur d’autres points, cet ascète féru de tennis est furieusement moderniste (il tiendrait cet anticonformisme de son père, surnommé le Prince rouge, à qui ses idées novatrices valurent une fatwa).
Ainsi, dans les bureaux de sa société, les femmes sont habillées à l’européenne et ignorent le foulard. Le prince estime que les contraintes qui pèsent sur les Saoudiennes n’ont rien à voir avec la religion et se montre favorable à leur émancipation, dans les limites de la tradition islamique – il insiste sur ce point. En offrant aux femmes des postes importants, son altesse fait figure d’avant-gardiste dans une société farouchement conservatrice, et jouer le rôle d’empêcheur de tourner en rond ne semble pas lui déplaire.
Tous les vendredis, son altesse se rend à la mosquée, située à cinq minutes de son palais, dont il a financé la construction sur ses propres deniers. La famille royale saoudienne est considérée comme la gardienne de l’islam par un milliard trois cents millions de croyants et cela représente une lourde responsabilité. Le prince est d’autant plus conscient de la nécessité d’améliorer les relations entre son pays et l’Occident depuis les attentats du 11 septembre 2001. En homme de communication, il en profite pour diffuser un message : « Nous qui représentons le vrai islam, l’islam modéré, nous devons nous faire entendre d’une voix plus forte » , martèle-t-il avec une énergie sèche. Le milliardaire possédait jusqu’à présent six chaînes de télévision ; il va en créer une septième, religieuse et modérée, pour prêcher la bonne parole.
Eric de Saint Angel
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